PROZA  21
R E V U E   L I T T E R A I R E   E T   D' A R T    V I S U E L
1 / décembre 2015

Aurel Maria Baros, directeur
Marius Mihet, Emil Lungeanu, rédacteurs associés
          Alistair Ian Blyth, english
          Manfred Szilagyi, photos Les Arbres de Manfred

Les textes et les images publiés dans cette revue ne peuvent être reproduits sans l'autorisation des détenteurs des droits d'auteur
          © 2015 la revue PROSE 21, les auteurs,
                       les traducteurs, les éditeurs
          © 2015, conception AMB

          mail : aurelmb@yahoo.fr
                    www.proza-21.eu

Proza 21 = ISSN 2501-2827 
          ISSN–L 2501-2827 
          ISBN: 973-10225-28-8
          Ex Libris Universalis, Bucarest, Roumanie

          revue sur papier : 10 euros 
          ex_libris_com@yahoo.com
#  1
româna

français

english

español
accueil

edito


la revue PROSE  21

Réinsérer la prose dans le grand corps littéraire des revues. Pour qu'elle réinvestisse pleinement cet espace textuel qui, chez nous, ne l'accueille d'ordinaire qu'en invitée. Cet espace textuel intensément réinvesti, on l'appellera ici Prose 21. Domaine de la création in progress. Domaine de l'autoplastie, où la prose roumaine d'aujourd'hui vient dresser son propre état des lieux et les auteurs, leurs propres portraits. Domaine critique en égale mesure. Domaine-nexus après tout. Puisqu'il annule les distances spatiales, de langue, d'approche narratologique ou stylistique et, en poussant plus loin encore, entre écriture et autres formes artistiques. En d'autres mots, Prose 21 - revue de création littéraire et d'arts visuels.

L'extrême contemporain s'y déploie, on l'aura compris, multiforme. Et on le souhaite, au fil des numéros, panoramique. On commence avec les prosateurs de Bucarest, Cluj, Constanta. Le bump mapping nous importe tout particulièrement. On vise aussi l'espace créatif global dans l'optique des auteurs roumains d'Australie, du Canada, de Suisse. On explore la dynamique nodale de la traduction. La promotion de la littérature roumaine à l'étranger/de la littérature étrangère en roumain est l'une de nos lignes de force. On ouvre de manière interstitielle la perspective en présentant des auteurs « mutants » d'aujourd'hui ou qui, déjà au XXe siècle, gâchaient les jeux du lieu commun. On sollicite des argumentations et des incisions critiques précises. Enfin, on donne voix à la prose roumaine émergente.

                                                                                                  Aurel  Maria  Baros
Revue PROZA 21, no 1, table de matière

numéro 1, table de matière - images
... écrivains, traducteurs, critiques littéraires...
PROSE 21
revue littéraire et d'art visual
français, english, espagnol, romana
                       © mars 2016, AMB

.

Poète et prosateur ; né à Craiova (Roumanie) en 1963, études universitaires à Brasov, en sylviculture et exploitations forestières. En 1990 il s’établit à Lausanne, en Suisse, où il travaille comme chauffeur d’autobus.

A publié à Paris, aux Editions José Corti, les romans La Symphonie du loup (2007, Prix Robert Walser pour premier roman, Prix Culturel Vaudois de littérature ; Simfonia lupului, Humanitas, 2008) et Les Couleurs de l’hirondelle (2012, Prix Fédéral Suisse de Littérature, Prix de l’Inaperçu, Prix littéraire Web ; Culorile rîndunicii, Polirom, 2014). Il a publié aussi plusieurs recueils de poèmes, en roumain et en français.

Depuis 2004, il est le directeur du journal littéraire Le persil (Patrunjelul). Il réalise régulièrement des ateliers d’écriture, notamment dans les lycées lausannois.

Traduit en allemand et espagnol.
MArius  Daniel 
Popescu
SUISSE
en français
MArius  Daniel  Popescu


*  *  *

C’était le mois d’octobre, tu étais au début de ta troisième année d’études universitaires, tu habitais dans le foyer d’étudiants. Vous étiez quatre garçons dans une chambre et ce matin-là vous deviez aller aux travaux patriotiques que le parti unique organisait chaque automne pour tous les jeunes inscrits dans les facultés du pays. Vous étiez les quatre en pyjama et vous marchiez dans la pièce en vous préparant pour sortir, vous saviez que la journée allait être dure, vous deviez travailler dans les champs du pays pour ramasser la récolte de plusieurs variétés de légumes. Le parti unique manquait de main-d’œuvre en agriculture et il obligeait les étudiants de toutes les écoles, les intellectuels, les militaires, les ouvriers et les cadres des entreprises industrielles à travailler comme manœuvres.
Tu cherches tes habits de travaux patriotiques dans la petite ar-moire personnelle, l’un de tes trois camarades revient de la salle commune des lavabos, les deux autres copains sont déjà habillés et ils vous disent qu’ils vont partir à la cantine du campus, tu as mis ton pantalon brun en coton et tu cherches maintenant la chemise à carreaux bleus et rouges, tu penses à ce que vous allez manger dans quelques minutes, tu sais que la portion de nourriture matinale, servie à la cantine, n’est pas suffisante pour vous apporter l’énergie nécessaire à un travailleur agricole.
Vous n’êtes plus que deux dans la chambre et vous devez la quitter dans quelques minutes, vous devez suivre le programme spécial des travaux patriotiques que le parti unique a  mis en place pour toute la population valide du pays, après le repas vous devez aller à pied jusqu’à la gare ferroviaire la plus proche. Des trains spéciaux vous attendent là-bas, vous êtes des millions à travailler gratuitement dans les champs de l’automne. Tu penses à la richesse et à la pauvreté de ton pays, tu sais que dans les villes les gens manquent de provisions, tu sais qu’ils ne trouvent pas de légumes, de fruits ni de viande dans les magasins, tu sais que les champs donnent chaque année une bonne récolte, tu ne comprends pas comment le parti unique réussit à affamer le peuple qu’il dit gouverner.
Tu es dans le hall et tu fermes la porte à clé, des petits groupes d’étudiants affluent vers la sortie, tu t’intègres dans le flot humain, tu marches en regardant tes bottes courtes et usées que tu chausses pour aller dans les champs. Tu es dehors et tu es content parce que la pluie n’est pas au rendez-vous, après quelques minutes tu entres dans la cantine, tu penses à ton couteau de chasse que tu as oublié dans ton armoire, tu fais la queue pour prendre ton petit déjeuner et tu rejoins à leur table tes trois camarades de chambre qui te disent dépêche-toi, nous sommes en retard, il ne faut pas qu’on rate le train spécial.
Vous descendez la rue qui mène vers la gare, il y a des centaines d’étudiants qui se déplacent avec vous sur les trottoirs, tu penses à une femme qui est la secrétaire du doyen,  il fait frais et vous portez des canadiennes ou des manteaux courts adaptés pour le travail à l’air libre. Tu as pris ce matin ta veste de chasse matelassée et brune, dans l’une de ses grandes poches tu sens le paquet de nourriture froide que chacun a reçu de la cantine, pour le repas de midi : deux tranches de fromage blanc, une conserve de poisson, un pain de deux cents grammes, une pomme.
Le train est là, tu l’aperçois sur la voie une et il est déjà bondé, sur le quai il y a plusieurs professeurs de ta faculté et des employés des chemins de fer en uniforme, tu penses au match de football que tu dois jouer dans trois jours comme centre-avant, les étudiants montent dans les wagons et s’entassent les uns contre les autres, tu es avec un groupe d’amis et vous choisissez de faire le voyage dans la dernière voiture du convoi spécial.
Vous avez passé presque vingt minutes sur les rails, vous avez joués aux cartes et vous vous êtes racontés des blagues, maintenant vous devez descendre et marcher quelques minutes pour traverser la place de la gare du village, tu marches dans la foule composée de tes camarades d’études, tu avances vers le terrain vague sur lequel il y a une vingtaine d’autobus qui vous attendent pour vous emmener dans les champs. Encore une demi-heure de bus pour rejoindre la récolte de légumes de l’année qui est encore dans la terre, vous ne savez pas si vous allez ramasser des pommes de terre ou des carottes, tu penses à ta mère qui est un peu malade, vous montez dans les bus qui se remplissent vite et leurs chauffeurs démarrent, le parti unique a besoin de vous et c’est lui qui décide quand et où vous devez être transformés en esclaves.
Tu es debout et tu es serré par les corps des autres étudiants, le bus roule vite et tu vois par-dessus les têtes qui t’entourent l’étendue de cette région agricole, tu penses au mot spécial, tu te dis que dans ton pays tout est devenu spécial, vous êtes transportés par un bus spécial  et vous allez accomplir des travaux patriotiques sans avoir le droit de réfléchir et de vous exprimer sur leur raison et leur sens.
Quand tu poses tes pieds à terre et tu regardes autour de toi, tu es choqué par les immenses tas de légumes qui forment des pyra-mides dignes des contes de fées, tu ne comprends pas où va cette nourriture, tu sais que dans les villes les gens ne trouvent pas ces produits, tu penses à ceux qui possèdent un lopin de terre et qui cultivent ce qu’ils peuvent dessus, tu fais quelques pas, tu vois à ta droite, à une trentaine de mètres, un tas d’environ dix tonnes de petits oignons. Tu penses à ton oncle qui t’avait dit cette année je n’ai pas de petits oignons pour les semer, tu te diriges vers les petits oignons qui sont devant toi en abondance, tu es en transe, tu es hypnotisé par les petits oignons à semer, tu as un plan, tu veux prendre pour le frère de ta mère plusieurs kilos d’oignons à semer. Les autres étudiants vont tous vers les professeurs qui commencent à faire la présence, chaque professeur sort de sa mallette ou de sa poche une feuille de papier sur laquelle figurent les noms des étudiants, chaque professeur lit à haute voix les noms des étudiants, chaque étudiant doit répondre présent quand il entend son nom. Tu n’es pas avec eux. Tu es seul et tu es agenouillé à la base d’une montagne de petits oignons à semer, tu as déchiré la doublure de ta veste de chasse, tu prends de tes mains des petits oignons et tu les mets dans ta veste, tu les introduis entre les deux couches de tissus, tu les fais glisser autour de ta taille, tu es en train de te procurer des petits oignons pour ton oncle, tu sais que tu vas les lui envoyer par la poste, dans un colis réglementaire. Tu ne penses pas, tu mets des petits oignons dans ta veste déchirée, tu sens que ta veste gonfle, les petits oignons forment un tout petit tas autour de ton corps, tu te relèves, tu as pris environ quinze kilos de petits oignons. Tu penses à ton oncle et tu te l’imagines en ouvrant le colis plein de petits oignons à semer, tu ris tout seul, tu ris parce que tu te dis que tu vas marquer conserves de poisson à la rubrique contenu du paquet. Tu dois rejoindre tes camarades des travaux patriotiques, tu les vois à deux cents mètres plus loin organisés en pelotons comme à l’armée, tu marches et tu sens le poids des petits oignons et tu vois que ta veste fait autour de ta taille une sorte de chambre à air de roue de camion, gonflée au maximum.





Tu arrives à côté du groupe d’étudiants de ton année d’études, le professeur qui a fait la présence te dit ici on fait pas le voyou, tu sais qu’il est l’un des membres importants du parti unique, tu penses au parti unique qui est spécial, tu lui réponds oui, camarade professeur, j’ai été uriner derrière un tas de betterave. Il te regarde et il te dit tu es bien enveloppé,  tu passes à côté de lui en lui disant bien sûr, j’ai fait ma provision d’oignons, pour midi, je vais les bouffer avec le fromage blanc et la conserve de poisson. Tu n’aimes pas les professeurs qui représentent le parti unique, tu aimes les professeurs qui honorent leur métier d’enseignant, de maître, de passeur du savoir, tu es un étudiant qui les emmerde, certains professeurs disent, entre eux, que tu es spécial.
Vous êtes en colonnes par quatre et vous marchez sur la terre battue de la route qui sépare les champs, les professeurs sont les sergents des groupes, vous vous dirigez vers le lieu du travail. Vous arrivez à côté de plusieurs centaines de caisses en bois vides qui sont entassées au bord de la route, l’ordre est donné de vous munir chacun d’une caisse vide, vous vous dispersez pour avoir chacun le contenant, tu vois les professeurs d’université qui marchent dans le champ, en suivant la ligne des labours, et qui comptent leurs pas, au centième pas ils s’arrêtent, chaque étudiant à comme norme de travail le ramassage des patates sur la distance de cent pas. Tu penses à l’absurdité de ces instants.
Le reste de la matinée, vous l’avez passée à ramasser des pommes de terre sur des distances de cent pas mesurées par ceux qui étaient censés vous apprendre quelque chose dans la vie, les études universitaires étaient gratuites et vous les payiez quand même avec les travaux patriotiques, vous passiez au moins un mois par année à travailler gratuitement pour le parti unique.
A midi, la plupart des étudiants ont mangé le paquet de nourriture froide reçu à la cantine, celles et ceux qui n’étaient pas dans les foyers de l’état avaient apporté leur repas qu’ils avaient préparé à la maison, la pauvreté du pays se reflétait dans ce que vous mangiez chaque jour. Tu étais triste et tu pensais à ceux qui avaient commencé à chercher dans les poubelles des villes pour trouver des restes alimentaires avec lesquels ils nourrissaient leurs poules et leurs cochons, élevés dans des cages étroites, auprès de leur maison.
La pause est passée vite et, en mangeant entre les mottes de terre, vous aviez tous l’air de réfugiés de la Seconde Guerre mondiale, tu pensais aux grandes famines que le pays avait vécues, tu te rendais compte que la famine que vous viviez était l’une des plus affreuses du siècle.
L’après-midi s’est déroulée comme d’habitude, vos professeurs vous ont mesuré plusieurs fois encore leurs cent pas de terrain agricole, vous avez sorti des patates de la terre, vous les avez entassées dans des caisses en bois, vous avez porté ces caisses, à deux, au bord de la route en terre battue où d’autres ouvriers du parti unique les chargeaient dans des camions.
Vers quatre heures et demie, avec les mains, les chaussures et les habits salis par la terre du champ, vous vous êtes rassemblés pour que les professeurs puissent faire la présence de la fin de la journée de travail, votre apport aux travaux patriotiques était comptabilisé sur des feuilles de papier, vous aviez hâte de monter dans les bus qui étaient revenus pour vous ramener à la gare du village.
Tu portes sur toi les petits oignons pour ton oncle, tu es à côté d’un ami qui te fait rire en te racontant une blague dans laquelle le personnage principal a enlevé les yeux de plusieurs centaines de sardines et les a mis dans un petit pot en verre qu’il a fait cadeau à sa maîtresse d’école, en lui disant que c’était du caviar. Les étudiants qui vous entourent dans le véhicule sont contents de rentrer et ils parlent fort et ils rigolent malgré la fatigue, vous êtes en route depuis un quart d’heure, vous vous balancez dans les virages, le bus ralentit, il roule lentement sur quelques dizaines de mètres, vous regardez tous en avant pour comprendre la cause du freinage, ton ami te dit ça doit être une charrette tirée par un cheval affamé. Le bus s’arrête et vous remarquez à travers le pare-brise trois voitures de terrain peintes en bleu qui bloquent la chaussée, sur les capots et les portes de ces jeeps sont inscrits en blanc et en lettres capitales les mots LA MILICE, la porte avant s’ouvre, un milicien en uniforme entre dans le bus et il crie tout le monde descend, contrôle corporel et dans les bagages. Tu comprends que tu es en danger, ils cherchent des légumes sur vous et dans vos sacs, ils disent qu’ils luttent contre le vol de la récolte du parti unique, ton ami te dit t’es cuit, il faut que tu te débarrasses immédiatement de tes petits oignons ; pendant que vous vous parliez le bus se vidait, ses occupants descendaient et suivaient les ordres des miliciens, tu réalisais que tu n’avais pas le temps de vider tes petits oignons dans le bus, tu te rendais compte que vous vous trouviez sur la plate-forme du milieu du bus articulé, tu pensais aux étudiants qui s’étaient faits exmatriculés de l’université pour avoir pris beaucoup moins que tes quinze kilos de petits oignons.
Tu vois un trou dans la protection verticale de l’articulation du bus, cette paroi est faite de tissu plastifié usé par la rouille des barres qui le soutiennent, tu enlèves vite ta veste et tu l’introduis dans la déchirure de l’accordéon, tu es resté en pull gris fait à la main et en laine par ta grand-mère, tu avances vers la sortie, les étudiants et les professeurs ont été dirigés vers le bas de la route et ils sont tous alignés comme devant un peloton d’exécution.
Les étudiants et les professeurs font une seule ligne humaine de plusieurs dizaines de mètres, tu rejoins tes camarades des travaux patriotiques, tu t’intègres entre deux filles que tu ne connais pas, l’une d’elles te dit j’espère que tu as bien caché ta veste gonflée de patates. Tu penses aux risques que tu as pris, tu te dis je n’ai pas peur, tu entends des voix qui viennent du groupe des miliciens en uniforme, des femmes et des hommes sous-officiers commencent à vous fouiller, un par un, dans les poches de vos vestes et vos petits bagages dans lesquels vous aviez des bouteilles d’eau, des thermos et les restes de la nourriture mangée à midi. Vous êtes le dos contre le champ et vos regards voient l’autobus articulé, vos yeux se trouvent au niveau du plancher du véhicule, tu remarques sous le bus un bout de ta veste brune qui touche l’asphalte, la fille qui est à ta gauche te dit s’ils regardent sous le bus tu es foutu, tu as dans ta veste ta carte d’étudiant munie de ta photo, tu penses au plancher troué du bus, un milicien s’arrête devant toi, tu sens son souffle, il touche de ses mains tes poches et ton pull sur tes hanches, il dit tu as un bon pull paysan, toi.
Sur tous les gens qu’ils avaient fouillés, la milice du parti unique a trouvé une dizaine de carottes et toutes avaient été dissimulées dans les mallettes de certains professeurs qui vous accompagnaient. Vous avez été autorisés à remonter dans le bus et le chauffeur a manœuvré pour passer entre les jeeps bleues, tu as récupéré ta veste qui a traîné par terre quelques mètres, tu tremblais en t’habillant entouré de tes collègues, tu pensais à ton oncle et aux petits oignons que tu avais sauvés pour lui.


événements
Links
retur
   07 : : edito

   09 : :
Bucuresti. Proza
             11 : : Alexandru Ecovoiu
             19 : : Constantin Arcu
             29 : : Ioan Grosan
             35 : : Ion Lazu
             45 : : Nicolae Stan
             55 : : Razvan Petrescu
             59 : : Stefan Dimitriu

   69 : : Prozatori de astazi. Mutantii
                   de Aurel Maria Baros

   79 : :
Bump mapping
             81 : : Dora Pavel
             91 : : Liviu Lungu
             99 : : Radu Tuculescu

111 : : Autoplastie. Gheorghe Iova
         
         de Gheorghe Iova


115 : : Cei care strica jocurile
             Innamoramento. Portanta metavectoriala
                   de Aurel Maria Baros

125 : :
Spatiul Global
            127 : : Anamaria Beligan / Australia
            135 : : Constantin Stoiciu / Canada
            143 : : Français. Marius Daniel Popescu / Elvetia

151
: : Transdinamic
            152 : : English. Varujan Vosganian / Alistair Ian Blyth
            159 : : Volodymyr Danylenko / Mihai Hafia Traista

166 : : Cotele scriitorilor favoriti. Un Nobel feminin
                    de Robert Ianovici Pânzaru

179 :
: GPS
            179 : : Marius Mihet
            184 : : Andreea Rasuceanu

189 : : Proza tânara. Marina Popescu
197 : : Vizual. Manfred Szilagyi
PDF
mot de passe :
           
proza
PDF
mot de passe :
           
proza